« Nothin’ from nothin’ leaves nothin’ », derrière cet air furieusement entrainant repris à de multiples occasions et entendu depuis dans de nombreux films, publicités ou bande-annonces, se cache le hit inoxydable d’un personnage à part dans l’histoire de la soul : Billy Preston, souvent surnommé le 5e Beatle.
© Robert Altman/Michael Ochs Archives/Getty Images
Ce bonhomme souriant avec son imposante coupe afro serait un membre des Beatles, sérieusement ?
En effet, avant de prendre la tête des Charts successivement en 1973 et 1974, Billy Preston est d’abord connu pour ses talents aux claviers.
À 16 ans, en 1962, il a déjà travaillé avec les trois plus grandes stars afro-américaines de l’industrie musicale de l’époque, à savoir Little Richards, Sam Cooke et Ray Charles.
Pourtant c’est avec les « 4 garçons dans le vent » rencontré en 1962 en marge d’un concert de Little Richard que sa carrière va prendre un tournant décisif.
En effet dès lors, aux claviers, il devient, sur scène et en studio, un compagnon de route des Beatles. La beatlemania, Billy Preston va la vivre de l’intérieur.
De plus en plus identifié par les fans du groupe et complètement intégré à celui-ci, John Lennon considérera même durant un temps l’idée de le reconnaître officiellement comme un membre des Beatles.
Cela ne se fera finalement pas, mais fidèle au groupe jusqu’à leur séparation en 1969, il acquiert tout de même avec le temps ce surnom de « 5e Beatle ».
Billy Preston en studio en compagnie des Beatles et Yoko Ono
L’arrêt forcé de sa collaboration avec le groupe le plus célèbre du monde va pourtant avoir un effet bénéfique sur la carrière de Billy Preston.
En plus de poursuivre sa collaboration avec son ami le Beatle, George Harrison désormais en solo, le talentueux claviériste va saisir sa chance chez Apple Records, la maison de disque des Beatles, et enregistrer sous leur giron un premier album.
That’s the Way God Planned It sort en 1969.
Les qualités d’interprète de Billy Preston sont alors uniquement reconnues au Royaume-Uni où il jouit déjà d’une belle notoriété eu égard de son passif avec The Beatles.
Le succès aux États-Unis, son pays d’originaire attendra…
Sa signature chez les américains d’A&M Records, maison de disques au rayonnement international pour laquelle son ami Joe Cocker enregistre déjà, marque en tout cas une première étape dans la conquête de Billy Preston vers une reconnaissance internationale non plus seulement en tant que claviériste de talent mais surtout en tant qu’artiste interprète soul.
Tandis que, de son premier album chez A&M Records, I Wrote a Simple Song en 1971, l’histoire retiendra surtout le titre instrumental Outa-Space composé en collaboration avec Quincy Jones, son album suivant lui permet de placer pour la première fois un titre à la plus haute marche du Billboard Hot 100.
Will It Go Round in Circles, Billy Preston, Music Is My Life, 1972
Will It Go Round in Circles se vend à plus d’un million d’exemplaires et installe Billy Preston comme un artiste soul à suivre avec la plus grande attention.
Performance d’autant plus remarquable qu’en ce début des années 1970, la plupart des artistes soul/funk populaires sont signés dans des maisons de disque orientés R&B, ce qui n’est alors pas le cas d’A&M Records.
Et c’est avec une petite chanson naïve mais au rythme diablement efficace, écrite en vitesse avant de monter sur la scène d’un night club d’Atlanta en 1974, que l’artiste alors âgé de 28 ans va connaitre son plus grand succès.
Des paroles simples, une mélodie immédiatement reconnaissable composée pour l'essentiel d’une section de cuivres et de trois claviers frénétiques, voici la recette de Nothing from Nothing, un véritable hymne à la joie.
Nothing from Nothing, Billy Preston, The Kids & Me, 1974
Ce titre devient la « carte de visite » de son auteur. Classé n°1 au Billboard Hot 100 pendant une semaine en octobre 1974, il lui ouvrira les portes de la célèbre émission de variétés afro-américaine Soul Train mais également du Saturday Night Live.
Lors qu’il interprète Nothing from Nothing sur le plateau du programme humoristique, diffusé le samedi soir en prime time sur la télévision nationale, Billy Preston devient le premier artiste à proposer une performance musicale au Saturday Night Live.
Ne représentant qu’une infime partie du spectre musical de son auteur davantage habitué aux musiques séculaires et aux rythmes plus mélancoliques, Nothing from Nothing restera pourtant durant toute sa carrière son titre le plus apprécié par le grand public.
Aujourd’hui encore, il n’est pas rare de l’entendre dans un film (Soyez sympas, Rembobinez de Michel Gondry), dans une bande-annonce ou même reprise par un autre artiste (Mac Miller en 2018).
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